[The Conversation] Les forêts : réserve nourricière face aux aléas climatiques

Publié le 20 septembre 2023

Un article co-écrit par Julie Lochard, Professeure d'économie à la Faculté de sciences économiques et de gestion-UPEC, Jessica Meyer, Doctorante en sciences économiques à la FSEG-UPEC et Philippe Delacote, Directeur de recherche en économie à l'INRAE.

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350 millions de personnes dans le monde dépendent des forêts pour leur subsistance. Face aux aléas climatique notamment, les forêts peuvent jouer un rôle nutritif important.

On ne compte plus les bienfaits des forêts : barrière contre l’érosion des sols, réserve de biodiversité, puits de carbone… À cette liste doit également être ajouté un bénéfice plus méconnu : les forêts peuvent en dernier recours nourrir des populations vulnérables, tout particulièrement celles dépendantes du secteur agricole dans les pays du Sud, qui sont très exposées aux sécheresses, inondations ou tempêtes.

Ces événements météorologiques extrêmes ont un impact direct sur les rendements agricoles, la mortalité du bétail, et la dégradation des écosystèmes. Face à ces nombreux risques, les populations rurales mettent en place un grand nombre de stratégies d’adaptation de court ou moyen terme, comme le recours au crédit, la migration et la diversification des cultures.


Fruits, racines, champignons, chasse…

Parmi ces stratégies, les forêts peuvent également faire office de filet de sécurité important. Car les forêts tropicales sont riches en produits susceptibles d’être collectés, afin d’être vendus sur les marchés locaux ou consommés directement : fruits, racines, plantes médicinales, champignons, produits de la chasse… Les possibilités de collecte sont importantes et peu corrélées aux rendements agricoles. Ainsi, un ménage dont la production agricole chute à cause d’une sécheresse pourra toujours se procurer des produits forestiers.

Cette activité a également le grand bénéfice d’être accessible à la majorité des ménages, même les plus démunis, car elle nécessite peu d’investissement et ne requiert pas de compétence particulière. Ainsi la collecte de produits forestiers est souvent décrite comme une option de dernier recours, pour les ménages ayant peu ou pas d’accès aux marchés de l’assurance et du crédit, et peu d’alternatives de gestion du risque agricole (manque d’opportunités de travail en dehors du secteur agricole, freins aux migrations…).


Au Malawi, des agriculteurs attendent la pluie qui permettra d’irriguer leurs cultures. Crédit Photo Julian Lott


350 millions de personnes dont la subsistance dépend des forêts

Au total, la Banque Mondiale estime que 350 millions de personnes dans le monde dépendent des forêts pour leur subsistance. Cependant, si cette collecte de produits forestiers peut s’avérer un bon filet de sécurité face au risque agricole, cette activité demeure trop peu productive et rentable pour devenir l’activité principale des ménages agricoles, au risque de les piéger dans un état de pauvreté permanente.

En outre, la capacité des forêts à fournir un filet de sécurité efficace dépend du niveau de pression qui s’exerce sur les ressources forestières. Une exploitation excessive des produits forestiers pourrait compromettre ce rôle des forêts, voire engendrer une dégradation des ressources. [...]

Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons.

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LES AUTEURS

Philippe Delacote
Chercheur en économie de l’environnement, spécialisé sur les questions de changement climatique dans les secteurs agricoles et forestiers, il est Directeur de recherche à l'INRAE et Directeur du pôle Agriculture-Forêt de la Chaire Économie du Climat.

Julie Lochard
Professeure d'économie à Faculté de sciences économiques et de gestion-UPEC, Co-directrice du laboratoire de recherche ÉRUDITE, Responsable du Master 2 Development Economics and International Project Management (DEIPM).
Spécialisée en économie internationale et économie de l'environnement, ses recherches récentes portent sur les politiques environnementales, les liens entre commerce et environnement, le changement climatique et l'aide au développement.

Jessica Meyer
Doctorante en sciences économiques à la Faculté de sciences économiques et de gestion-UPEC et à la Chaire Économie du Climat, ses recherches se focalisent principalement sur le potentiel des forêts à améliorer le bien-être des communautés agricoles dans les pays en voie de développement. Elles s'intéressent également à l'adaptation des ménages aux aléas météorologiques.